mardi 6 septembre 2011

La dérouillée

Il y a cette amie, qui sait les choses, je la connais, je l’ai reconnue. 
Il y a cet homme à la science percutée par le doute, qui quitte la scène avant d’y jouer un rôle. 
Il y a celle qui a besoin de tout faire bien, y compris la mort et flippe comme une malade quand ça ne se passe pas selon ses plans. Ca, c’est moi. Bin ouais. 

Je suis allée au cinéma, en sachant que ça ferait mal. Et je me suis pris une dérouillée de tous les diables. Je suis dans mon salon, les ambulances passent, il vente, et il pleut, et ce n’est pas la fin du monde. Y’a ça parfois, après une pièce ou un film, on se dit que plus jamais on ne sera comme avant, qu’on va se dépêcher de dire à ceux qu’on aime qu’ on les aime, qu’on comprend leurs failles parce qu’on a les mêmes, et si c’est pas les mêmes , alors on en a d’autres, mais quoi qu’il en soit on n’est pas parfait, on se dit qu’on va maigrir /grossir / arrêter de fumer / prendre soin de la planète / prendre soin de soi / ne jamais se trahir / ne pas se protéger stupidement de la vie / aimer moins, mieux autrement / écrire tout le bien qu’on en a pensé … Et en fait, on ne le fait pas, ou pas bien, ou trop tard, ou jamais. Alors comme c’est les vacances, que j’ai le temps, que je peux, que je veux, que j’ai encore fait tout à l’envers en ce mois d’août avec ma trouille de ne pas faire assez bien et finalement d’en faire trop, comme c’est ma vie et que je veux une fois au moins réagir sur un truc à chaud, et bien je le fais.

(Faux, c’est la 3e fois : j’ai réagi très fort quand j’ai vu le Cercle des Poètes Disparus,à 14 ans, et j’ai écrit. Même qu’Etienne s’était moqué de moi. Et j’ai réagi très fort quand j’ai vu Anne-Sophie Defêchereux dans Lovely Rita au Théâtre Universitaire de Liège. J’ai pleuré mais j’ai pas écrit. Et j’ai écrit un pamphlet sur le tabac en 1999, après avoir vu un spectacle au Festival du Théâtre Amateur de Namur, dont je ne me souviens plus du titre, mais je me souviens de la sensation. Bref).

Je suis allée au cinéma, sur les conseils d’un précieux, un de ceux que j’aime, à qui je ne dis pas assez (à lui pas souvent, aux autres un peu plus) que je les aime. Je vous passe le couplet sur les amis, je vous aime, les amours, je vous aime. Peu de mes précieux lisent mes trucs. Oh et puis non, c’est mon blog, j’écris ce que je veux. Pour ceux qui veulent pas lire, ou qui sont gênés d’avoir leur nom, ou frustrés de ne pas l’y retrouver (merde, je suis HUMAINE, je suis donc FAILLIBLE, et surtout ma mémoire l'est), vous pouvez passer directement au paragraphe suivant. Pour les curieux et ceux qui s'y cherchent peut-être, c’est parti : Virginie, Christophe, Anne, Bernadette, Benoît, Philippe, Caroline, Olivier, Greg, Céline, Jean-François, Brigitte, Bruno, Xavier, Thierry, Sylvia, Annie. Je vous aime. Ca, c'est fait.

Je suis allée au cinéma, voir un film sur la fin du monde. Même pas. Un film qui raconte l’histoire de deux femmes, qui vivent la fin du monde. Les gens autour, décorum, éclairent mais sont des pions. Mais ces deux sœurs, et la haine, et l’amour, parce qu’on peut miser sur l’inconditionnel de façon crédible : ce sont des sœurs. Je vais pas taper dans l’analyse intellectuelle, hein. Moi suis une INFP, je réagis au feeling, je suis une boule d’émotion pure, un truc pas gérable qui déborde d’amour, de mélancolie, de larmes, bref, un diamant (non, c'est pas pour me vanter, c'est pas moi qui l'ai dit) Et les diamants sont souvent déçus. Mais là, non. Là je suis pas déçue, je suis bouleversifiée.

Et ma réaction, elle est de survie : j'ai envie d’éliminer la peur de ma vie. J’ai fait des trucs déjà, dans ce sens-là, cet été et puis avant… Les photos de La chambre au miroir (que j’attends toujours hein, dis, comme ça en passant, sans vouloir te mettre la pression, je sais la vie tout ça, mais faudrait pas trop que tu joues avec mes cojones, babe, parce que ça m’angoisse à mort et comme je viens de le dire, je voudrais en finir avec la trouille, donc tu sais, hein). Le changement de job, et le défi de la composition avec des contraintes particulières, viser l’équilibre, sourire au requin. Bref, tu vois, j’ai fait des trucs contre ma peur. Et puis j’ai arrêté de fumer aussi, il y a 17 mois maintenant. Donc je suis capable de changer les choses. Et puis si j'écris encore vingt lignes, ce sera du grand n'importe quoi, je sais que je dois arrêter de parler et vivre, j'ai entendu le message. Et puis même, je l'ai regardé dans les yeux, le gars qui m'a dit ça.

Alors je vais déposer ma peur maintenant.



Ah oui, le film, c’est Melancholia, de Lars Von Trier.

1 commentaire:

  1. Ce film est terrible que j'ai vu il y a quoi ? Trois semaines et dont j'ai toujours des images ou plutôt des sensations d'images. Un film qui transmet des sensation et qui hante…
    Raconter non pas la fin du monde comme le font bien les américains avec des trucs qui pètent partout en faisant boum mais bien ces personnages, particulièrement les deux sœurs qui attendent et rencontrent leur fin…
    Frisson en y repensant…
    On en reparle dans trois semaines ? :-))

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