vendredi 17 septembre 2010

Stetson à trois sous

Je me sens étrangère. Surnuméraire. Excédentaire. Je ne reconnais pas le monde, les gens, les lieux. Tout semble sous tension, comme si, comme si. J'ai peur en marchant dans la rue, je regarde cet homme, son alcool à la main, je le trouve pitoyable. S'évader, un soir une heure une nuit boire à s'en pourrir le foie, jouer aux grands et s'effondrer là, sur le trottoir, dans la fange des merdes de chiens diluées à l'urine des panses dilatées.
Les gens sont laids, ils me dégoûtent. Est-ce la sobriété qui me rend lucide ? Est-ce mon déterminisme à aimer mon prochain qui flanche encore ?
Les gens sont laids.
Et que je t'attaque par devant, par derrière, tu ne sais pas à qui tu parles et tu trucides sans pudeur. Tu n'as pas besoin de dire que l'autre est nul pour prendre de la valeur. Si tu savais comme ça te rend minable... Et quand tu comprends et te rétrécis, il est trop tard, mon gars. Tu as dérapé, trop vite, avant même que la confiance n'existe. Tu es rayé.
Les gens sont laids.
Je suis aussi un gens, je me sens moche, et pourtant je sais que mon regard s'illumine encore, parfois. Je sais que je peux tout donner. Et tout reprendre sur un mot, une phrase ou un silence. Alors, quoi ?
Les gens sont laids.
Dans la nuit, le sombre, l'obscur, j'aurais pu ce soir aussi boire et les lunettes roses, mais non. Je veux sentir, je veux comprendre et me souvenir, je veux savoir où je vais, maintenant, les yeux ouverts.
Et je veux trouver le beau, dans cette laideur.

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