vendredi 7 mai 2010

Fantôme

Je t'ai vu dans la rue, fantôme de mes presque 12 ans, infâme, hier graine de voyou, aujourd'hui respectable flic. Je t'ai vu dans la rue. L'espace d'une seconde, j'ai eu un demi-sourire. Vite ravalé, noyé sous une vague incontrôlable de dégoût et de fureur. Je n'avais pas ressenti de sentiments aussi forts depuis très longtemps, et c'était des sentiments proches de la haine. Toi, celui qui incarne la violence, la peur, la menace, les cauchemars, les freins, les espoirs démolis avant même de germer, les angoisses d'abandon, la peur de dire non, encore, toi. Toi et tes enfants. Jeunes, tes enfants. Plus jeunes que les miens. C'est donc que tu as soigné tes plaies béantes, et accepté un peu d'espoir dans ta vie toute noire. C'est donc que tu as peut-être changé, si tu as des enfants.
Un jour, ta petite fille, que tu tenais par la main, hier, en lui ajustant son cartable, et en lui parlant gentiment, de ta face aujourd'hui vraiment laide, un jour ta petite fille aura presque 12 ans.
Et j'espère que ce jour là, tu te souviendras. Et j'espère que cela te fera mal. Et j'espère que tu auras honte.

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