mercredi 12 mai 2010

Tribute from ze little red bee

Il y a un peu moins d'un an, mon ami Marc, homme d'une intelligence exceptionnelle qui n'a d'égal que... son sens de la justice, Marc donc m'emmenait écouter un ami commun, qui jouait à la Capitainerie. J'étais un peu étonnée... Je le connaissais acteur, mais pas chanteur. Et puis en fait oui, mais non. Je me souviens, il y a sept ou huit ans, on buvait des verres le soir en terrasse, parfois on trainaillait et on refaisait le monde, en mieux. Puis j'ai eu mes bébés, mes filles, et j'ai quitté quelques temps le centre ville et ses rencontres au hasard des ruelles... J'y suis revenue, repartie, revenue ...hum c'est compliqué. Et je m'égare encore dans des digressions sans aucun intérêt que de nourrir mes petites nostalgies perso... J'abrège.

Bref, l'ami Thierry, Tcherry, vlà t'y pas que ce qu'il faisait là, avec son batteur et ses deux guitaristes, c'était bien bien chouette... De l'impro musique et texte... T'imagine un peu ? Bon impro, tout le monde connait, musique tout le monde connait aussi. Mais là... C'est carrément de la poésie à l'arrache, de l'écorchure à coup d'émeri devant tout le monde, du aïe qui sublime... Bref, évidemment, j'ai trouvé cela magnifique, et emballant, et innovant, et puis ça lui collait tellement bien à la peau, c'était une évidence. Il avait trouvé SON truc, son mojo, son feu du dedans que ravivent les étincelles des quotidiennetés.

Sauf que ce soir là, il manquait sa moitié. Pas sa douce moitié - femme ô combien exceptionnelle de patience et de beauté- , non non non, sa moitié musicale, le petit Siddhartha. Ca craint, hein ? J'savais même pas qui c'était, moi. Alors j'ai pris les noms et les copies, et chuis allée écouter sur le net... Devriez faire pareil : ici et ... Jusqu'à ce que la pièce tombe : bien sûr, le petit Siddhartha, c'est le gentil musicien aux cheveux longs qui chante "Loosing my religion" dans la rue de l'ouvrage le lundi ou le mardi, jusque 17h15. A chaque fois, les filles demandent pour l'écouter. Faut dire, il est tout mamée, avec son chapeau et ses bouclettes... Et mes filles, c'est le coeur d'artichaut de leur mère, mais en version fillettes princesses... Mais comment se fait il donc que le petit Sid soit le musicien "homme orchestre" de l'ami Tcherry - aussi surnommé par ailleurs "tête d'oreille", pour une sombre histoire de manteau à fleur survenue entre Flore et lui il y a quelques années... Diantre, ma ville est un village...

Et aux fêtes de village, on invite les artistes locaux, souvent. Et donc les occasions se sont représentées d'écouter Tcherry et Sid, parfois avec d'autres, parfois juste avec le petit batteur -Et ce "petit" n'a rien de péjoratif, il sait y faire... Et à chaque fois, au Belvé, aux fêtes de Wallonie, la magie prenait : l'espace éphémère de quelques notes, une histoire se dessinait, au fil des instruments tordus, et des rythmes sombres... Des histoires de vie, de rêves, d'espoir ou d'échec. Des histoires cochonnes parfois. Des histoires belles, toujours.

Et puis l'image des loups s'est imposée d'elle-même, pour désigner ce trio mi-sauvage, indomptable, définitivement, mi-terriblement humain. La troisième moitié -si, il y a toujours trois moitiés, c'est comme ça !-, je la laisse aux oniriques loups garous et vendredi heureux...

Et un jour, les Loups ont commencé à enregistrer des chansons. Ca se sentait : la musique léchée, le texte directement dans le vif, dans la chair, le rythme construit... Et évidemment, c'était waouw. Parce qu'ils ont pris le temps pour faire les choses mieux que bien.

Et ce soir, là, ce mercredi 12 mai, à 22h, jour où on aimerait gambader en sandales bio et tshirt décolleté de la mort sans se dire que justement on risque la mort tellement il fait froid, ce mercredi donc... Les Loups de Vendredi13 donnent leur premier concert de ces compositions enregistrées, en prélude à la sortie d'un album. On y parle de vie, de mort, on y parle de failles, de petites phrases qu'on n'a pas dites, mais pensées très fort, on y parle de liberté, de sensualité... Bref, on parle de vie, en mode Prozac : le bonheur n'est pas que dans la légèreté et l'insouciance, et même : et si le bonheur était dans cette appréhension quasi-charnelle de nos doutes et nos incertitudes ?

Bref, je m'égare, encore, parce qu'il est bon parfois, de poser ses fesses et de penser un peu à ce que l'on fait, à ce que l'on est, à ce que l'on dit... Et ce soir, j'avais envie de dire pourquoi moi, l'abeille rouge, j'ai eu -au-delà du coup de foudre musical- un véritable emballement humain pour ces trois artistes ... Juste parce qu'ils sont vrais, et qu'ils osent se donner les moyens de dire.

Je ne veux pas encore avoir l'air de faire de la retape à deux balles, hein... Je ne le fais jamais, si ce n'est pour ce qui vraiment me convainc. Je pense que la dernière fois, c'était pour -enfin contre- les OGM dans la bio, et je me suis vraiment fâchée très fort... Mais si ce soir, plutôt que de vous farcir une soirée avec Gregory House (et, au demeurant, il y a des chances que vous ayez la télévision numérique, et donc que vous puissiez enregistrer... moi c'est ce que je fais, j'avoue), si par bonheur l'envie vous prenait d'aller faire un tour hors de chez vous, pour voir des vrais gens, avec de la vraie vie, et que vous vous sentez l'envie de pousser une p'tite pointe jusque Namur... Surtout, surtout ne les manquez pas. Vous ne le regretterez pas, foi d'abeille.

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