vendredi 4 juin 2010

Buzz l'éclair de Lucie d'été

Penser l’écriture, c’est un peu retourner une chaussette. Et ce matin, je retourne des chaussettes. Je fais le poing un peu, le point beaucoup, avance et me retourne, avant de bifurquer radicalement. Oui, ma route va prendre un de ces virages vertigineux, et je m’autorise un déblayage de terrain.

Quelque soit le mode d’écriture, j’ai toujours pensé que les deux outils indispensables sont le bic rouge , et la poubelle. Qui finalement, ont presque les mêmes fonctions. Toujours, je laisse sortir de mes doigts ou de ma plume, cette logorrhée de mots, qu’ils soient professionnels ou de fiction. Et je souligne la distinction. Je ne vivrai jamais de mon art, c’est une décision prise il y a longtemps, quand je pensais encore avoir le choix. Charge d’âmes, on s’en fout, mais charge de trois petits gnous affamés à éduquer ne permet guère l’insécurité liée au statut d’artiste aujourd’hui. Même si, flèche du matin, si je fais mes comptes, entre ce que je perçois comme salaire et ce que je percevrais comme mère isolée au chômage avec trois enfants à charge même partielle, allocations familiales majorées et frais de garderie scolaire en moins, je travaille actuellement pour 75 euros par mois. Ce n’est clairement pas une motivation salariale qui me poussait à aller bosser chaque jour depuis 18 mois. Visiblement, ce n’est pas une évidence pour tout le monde…

Bref, je parlais donc de l’écriture, et plus encore dans mon cas, de ce rapport très particulier avec un personnage qui n’est pas moi (on m’a souvent posé la question, sisi), et qui existe pourtant depuis 9 ou 10 ans par mes mots...

D’abord la poubelle car tout ne peut être rendu public, par respect pour le lecteur, et surtout, la lectrice. Sans rire, pour un texte publié, combien finissent chiffonnés dans la poubelle ou formatés dans la corbeille ? 10 ? 20 ?

Bic rouge enfin ; pour élaguer, nettoyer, effacer, raboter tous les mots qui débordent, les adverbes et enthousiasmes trop poétiques dans ma prose pro, les écarts sentimentaux dans mes historiettes. Il n’est pas question qu’une once de sentiment apparaissent dans les aventures de ma créature, cela empêcherait chacune –ou chacun- de s’approprier ses actes, et/ou dévoilerait de moi ce que je ne tiens pas spécialement à partager. Car certes, elle n’a plus grand-chose de moi, ce personnage sans cœur ni cervelle, qui avance au nez et à l’instinct hédoniste uniquement, mais tout de même... c'est quand même la frange taboue de mon imaginaire. Ceux qui me connaissent bien le savent, je suis parfaitement incapable de me dissocier de la sorte. On n’est pas membre du John Deere’ s Club sans raison, hein…

Bon, je ne sais même pas pourquoi je parlais de ça… M’en vais écrire une histoire, tiens… Ca me consolera de mon incapacité à dire trois phrases sans balancer une vanne.

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